Montlhéry, cité millénaire.
Aujourd'hui :
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Les Très Riches Heures du Duc de Berry -
La Tentation du Christ
Cette
miniature (agrandissement
203Ko) illustre le texte pour le premier dimanche du carême dans
lequel Matthieu dit de la tentation du Christ par le diable après
ses quarante jours et nuits de jeûne dans le désert : "Le diable
le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous
les royaumes du monde et leur gloire, et lui dit : Je te donnerai
toutes ces choses, si tu te prosternes et m'adores."
Sans aucun doute, pour plaire à leur patron, Paul de Limbourg et
ses frères exagérèrent la disproportion entre l'événement et son
lieu. La tentation a été reléguée en arrière-plan en haut de la
miniature, tandis que le château de Mehun-sur-Yèvre, construit par
le Duc de Berry (qui en était très fier) domine en avant.
Dans ses Chroniques, Jean Froissart appelle le château "l'une
des plus belles maisons du monde", et rapporte que le Duc adorait
discuter là de sculpture et de peinture avec son imagier André Beauneveu,
"le meilleur en nulle terre".
Le frère, spécialisé dans les détails architecturaux, a soigneusement
reproduit ce magnifique château ainsi que le prouve la comparaison
avec un dessin réalisé en 1737 quand le bâtiment était encore intact.
On reconnaît les tours élancées, solidement implantées dans le
glacis longeant la rivière et couronnées par de délicats ajourements
au-dessus des remparts ainsi que l'élégante entrée derrière laquelle
on aperçoit le haut de la chapelle et son clocher.
Tout autour de la montagne sur laquelle se tient le Christ, on
voit les châteaux et les villes symbolisant les richesses offertes
par le diable au Christ si celui-ci le vénère. Ils représentent
apparemment : Poitiers, Bourges, Montlhéry et la forteresse de Nonette
en Auvergne. Le bateau évoque des contrées encore plus lointaines.
Les Limbourgs créèrent un paysage imaginaire et varié permettant
même d'inclure les symboles du Duc : des cygnes glissant sur la
rivière entourant le château et un ours ayant grimpé dans un arbre
pour échapper à un lion. Ce dernier est probablement une allusion
à un incident survenu dans la vie luxueuse mais troublée du Duc
où, assiégé par les Bourguignons à Bourges, il fut forcé de trouver
refuge dans le cloître de Notre-Dame pour échapper à la foule enragée.
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