Stèle retrouvée dans les prisons de la prévôté
à Montlhéry
Voici un extrait d'un article de Jean-Gérard Goueffon paru
dans "le forgeron"
Je vous présente un premier exemple de ce qu'il est encore possible
de trouver à Montlhéry :
Il
s'agit d'un fragment d'une stèle votive retrouvée il y a une dizaine
d'années au moment du déblaiement des prisons de la prévôté.
Celle-ci comporte un texte en gothique ainsi qu'une gravure très
dépouillée représentant une femme agenouillée au chevet d'un corps
dont on n'aperçoit que l'extrémité des jambes. De facture naïve,
la représentation n'en est pas moins de très grande qualité.
Avec l'aide précieuse de Mme Marie-France Chabin, ancienne directrice
des archives départementales et du Père Chanut de Saulx les Chartreux,
nous avons pu non seulement déchiffrer la partie visible mais également
reconstituer avec une assez, bonne probabilité les parties manquantes.
Je vous livre ci-après le fruit de nos réflexions (les parties
soulignées correspondent au texte reconstitué).
humble
femme Denise Rousseau
épouse de feu Robert Hermant
demeurant à Montlhéry qui a
laissé céans trente deux livres
employez en XXXII LP(l) de rente
pour deux OBITZ(2) qui seront dits
à savoir le premier aux
quatre temps d'été (3) le second aux quatre
temps d'hiver et à chacun desdits
obitz deux (ou plus) pseaulmes
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A défaut d'une date précise, on peut approcher la datation de ce
document à partir de l'étude du costume.
La femme porte comme coiffure le chaperon propre aux gens de robe
longue (par opposition avec les gens de robe courte) ce qui était
une marque de distinction ; véritable capeline, c'est une coiffe
non fermée, repliée sur elle-même tout en avançant sur le front,
couvrant la nuque, cachant les oreilles, tombant par devant mais
arrêtée à la hauteur de l'épaule.
Le vêtement est constitué d'une cotte longue et d'une surcotte
dont les manches fort larges se rétrécissent vers le poignet en
montrant légèrement leur revers. La ceinture nouée devant est portée
basse. En qualité de veuve elle porte sous le chaperon une guimpe.
Tous ces éléments caractéristiques d'une mode vestimentaire permettent
d'attribuer notre document à la fin du quinzième siècle.
(1) abréviation de livres parisiis
(2) services religieux
(3) dans la liturgie catholique romaine, période de prières et de
jeûne de 3 jours marquant le début de chaque saison.
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