Montlhéry, cité millénaire.
Aujourd'hui :
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Le
colporteur
"Le Colporteur" est
une sculpture réalisée par Alex Garcia. Elle a été réalisée en 1993 à la
demande de la ville de Montlhéry et est installée à l'entrée du Cours des
messageries.
Voici deux extraits décrivant ce personnage de la vie
médiévale :
L'un de Pierre Laroche à propos
des colporteurs de l'Oisans
et l'autre de Jean-Gérard Goueffon paru dans Le
Forgeron.
A voir aussi, ...
Inventaire d'une malle
de colporteur à Longpont
Visite virtuelle de la ville de Montlhéry
Histoire des noms de rues, chemins et lieux-dits
Les
colporteurs du plateau Matheysin
Les colporteurs de l'Oisans (Isère - France)
Le colporteur était un marchand ambulant qui portait sur le dos sa hotte
de marchandises qu'on appelait "la balle".
Il partait en automne et s'en allait vers d'autres régions de France
ou d'autres pays, proposant ses marchandises de porte en porte. Il revenait
cultiver ses terres quand la neige, là-haut dans son village, avait fondu,
c'est-à-dire pas avant le mois de mai.
Après avoir commencé par vendre la production locale de leur village:
objets en bois, toiles, vêtements..., ils ont acheté, pour les revendre,
des produits de faible valeur et faciles à transporter et à écouler.
Peu à peu, ils se sont spécialisés dans un commerce déterminé.
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Le mercier transporte,
dans une balle en bois ou en osier, du fil, des aiguilles, des rubans,
des dentelles; certains ont aussi des crayons, du papier à lettre, des
graines, des tisanes et des bijoux de pacotille. |
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L'herboriste porte dans
une sorte d'armoire d'osier, à étages et à compartiments, des plantes
de la montagne, des simples qui ont des vertus médicinales; il y ajoute
des préparations de pharmacie. Il donne aussi des conseils pour soigner
les gens et les bêtes et, à l'occasion, il est même arracheur de dents.
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Le quincaillier vend des
articles de bazar: multiples ustensiles de cuisine indispensables aux
gens des campagnes (casseroles, couteaux ... ). Il les dispose dans une
roulotte tirée par un mulet. |
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Le fleuriste est certainement
le plus connu des colporteurs. Il propose des graines des fleurs les
plus rares et les plus étranges. Beaucoup sont partis à l'étranger. Ils
prennent le bateau ou le train pour aller vendre dans les pays lointains
des plants et des graines. |
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Le rouennier transporte,
dans une charrette tirée par un mulet, des tissus de toutes sortes, des
mouchoirs et des châles, des chemises et des gilets, des bonnets et des
cravates etc... |
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Le lunetier, souvent mercier
à l'origine, propose des lunettes neuves ou d'occasion, dans une caisse
en bois compartimentée et de la taille d'une petite mallette. Il vend
aussi des petits bijoux et des foulards de soie. Ses marchandises sont
légères et chères. C'est le mieux habillé de tous les colporteurs. |
Les colporteurs ont existé en France dès le Moyen Âge. C'est cependant
surtout au XIXème siècle que s'est développé le colportage.
Celui-ci a ensuite disparu progressivement pour s'éteindre définitivement
après la première guerre mondiale.
La grande période d'activité des colporteurs correspond à une époque
où la plus grande partie des gens vit à la campagne. Leur clientèle est
avant tout composée d'agriculteurs dispersés dans des villages, des hameaux
ou des fermes isolées.
Dans ces villages, il n'y avait pas de commerce où acheter les produits
manufacturés. Il fallait se rendre à la ville, avec toutes les contraintes
que cela représentait à cette époque. Le colporteur est alors très utile
car il apporte des produits indispensables que les habitants des campagnes
ne peuvent faire eux-mêmes. Même avec la naissance du réseau de chemin
de fer en 1842, les changements sont très lents dans les campagnes, et
les produits industriels se répandent difficilement.
Témoignage
Un colporteur rouennier de Clavans, Jean Eymard, a laissé des lettres
et un registre de comptes où il marquait ses achats de marchandises, ses
ventes et les noms des villages dans lesquels il passait. On y apprend
que le colporteur était très attendu. Il faisait halte dans les fermes,
chez le meunier, les journaliers. Ses clients étaient le plus souvent les
domestiques et les servantes des grandes fermes, les petits paysans, les
artisans des villages, les éclusiers ; il vendait aux cantonniers le long
des routes, dans les auberges. Il apportait à domicile une marchandise
bon marché qui convenait à cette clientèle de petites gens besogneux. Il
vendait peu aux grands propriétaires et à la bourgeoisie des villes.
Bourg important sur la grande Route Royale vers l'Espagne,
MONTLHÉRY a eu, de tous temps, une vocation commerçante étroitement liée
à l'existence de cette voie de communication.
Pendant les périodes troublées de son histoire, et notamment
pendant les guerres de religion, ses remparts constituaient de surcroît,
une protection sûre pour le voyageur qui en faisait son étape.
Les auberges et relais de poste y étaient nombreux et,
toute l'activité économique liée aux transports y était florissante.
La route royale PARIS-ORLEANS suivait alors un tracé
différent de la Nationale 20 que nous connaissons.
Après LA VILLE DU BOIS, la route empruntait l'actuelle
voie des Postes, longeait le cimetière et pénétrait dans la ville par la
Porte de Paris qui était située à l'angle de la Rue de Paris et de la Rue
du Clos Bouquet, et continuait par l'actuelle Rue de la Chapelle, la Grande
Rue jusqu'à la Porte Baudry, pour atteindre LINAS.
André JOUANEN, dans son livre sur "MONTLHERY, douze
siècles d'histoire", raconte:
"La circulation y était dense : transports de blé
et de farine de la Beauce, vins du Bordelais et de la Loire, produits du
midi et du Massif Central, forains, convois de bétail, tâcherons à la recherche
d'un emploi, compagnons du Tour de France, colporteurs, mouvements de soldats,
pèlerins, bannières en tête, cheminant vers la Basilique de Longpont, Saint-Sulpice
de Favière ou le lointain Saint-Jacques de Compostelle, carrosses de seigneurs,
équipages et meutes de chasse, toute une foule bigarrée animait la ville
et emplissait les auberges".
Le Colporteur est un personnage dont l'existence remonte
à la nuit des temps et dont la fonction sociale est, aujourd'hui, unanimement
reconnue.
A une époque où la société ne disposait pas encore des
moyens actuels de communication, le Colporteur avait, non seulement un
rôle économique, mais plus encore, il était le "porte parole",
au sens premier du terme. Même en l'absence de chemins carrossables, il
était en mesure d'atteindre les maisons les plus isolées, les fermes les
plus reculées, et d'apporter en plus de son lot de marchandises, des nouvelles
sur le monde extérieur qu'il côtoyait tout au long de ses déplacements.
Eugène Bougeatre en fait une description pittoresque,
dans son beau livre sur la vie rurale en Ile-de-France.
"C'est un personnage qui a ses entrées partout.
A la porte de l'habitation, il se tient légèrement courbé pliant sous le
poids de l'énorme hotte dont ses reins
sont chargés; en attendant qu'on l'invite à franchir le seuil, il a fixé
sous la hotte un bâton de cornouiller, ce qui soulage une minute ses épaules
endolories. C'est un homme sec et râblé, au visage tanné, un méridional
sûrement, Basque ou Pyrénéen, dont les oreilles s'alourdissent de larges
anneaux d'or.
Le voilà maintenant dans la grande pièce du logis; petits
et grands l'entourent, les yeux émerveillés, car il a déballé sa marchandise
et il y en a pour tous les âges, pour tous les goûts, pour toutes les conditions.
La hotte, soigneusement rangée en casiers qui se superposent, paraît inépuisable.
A la ménagère, il offre du fil, des aiguilles, des épingles, de la laine,
du coton, des lacets, des mouchoirs et des marmottes; à la jeune mère,
des bonnets, des bavoirs et des bourrelets; à l'écolier, des plumes de
fer et des crayons de mine de plomb; au garçon, du papier à lettres pour
écrire à sa "bonne amie"; à la fille, des pointes de guipure,
de la dentelle, des turbans de velours, des tabliers ouvragés; l'homme
se laissera peut-être tenter par un couteau, une tabatière, une blague
ou une pipe en vraie racine de bruyère. Aux amateurs de chansons, le colporteur
propose les dernières de Pierre Dupont: Les Bœufs, le Chant des Paysans,
le Chant des Ouvriers, deux sous, chez l'auteur à Paris: "Achetez
les ici, ça vous évitera d'y aller, et ça vous coûtera moins cher...".
Il n'oublie pas le rayon de librairie: les Cent recettes de cuisine bourgeoise,
le Manuel du Bon Jardinier, le Parfait secrétaire, "pour les amoureux",
ajoute-t-il en clignant de l'œil du côté des jeunes.
Ah ! Cette hotte, quel insondable mystère !...
Elle est remballée, lentement, méthodiquement: "Voyons,
pas de regret... touchez-moi ça ...". La paysanne, dont on dit pourtant
que "son porte-monnaie est en peau de hérisson", se laisse tenter.
Et, tout à l'heure, en bouclant les bretelles de sa hotte, le colporteur
s'apercevra qu'elle est plus légère. "Au revoir et merci, mes braves
gens... A la prochaine".
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