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Les colporteurs ont existé en France dès le Moyen Âge. C'est cependant surtout au XIXème siècle que s'est développé le colportage. Celui-ci a ensuite disparu progressivement pour s'éteindre définitivement après la première guerre mondiale. La grande période d'activité des colporteurs correspond à une époque où la plus grande partie des gens vit à la campagne. Leur clientèle est avant tout composée d'agriculteurs dispersés dans des villages, des hameaux ou des fermes isolées. Dans ces villages, il n'y avait pas de commerce où acheter les produits manufacturés. Il fallait se rendre à la ville, avec toutes les contraintes que cela représentait à cette époque. Le colporteur est alors très utile car il apporte des produits indispensables que les habitants des campagnes ne peuvent faire eux-mêmes. Même avec la naissance du réseau de chemin de fer en 1842, les changements sont très lents dans les campagnes, et les produits industriels se répandent difficilement. TémoignageUn colporteur rouennier de Clavans, Jean Eymard, a laissé des lettres et un registre de comptes où il marquait ses achats de marchandises, ses ventes et les noms des villages dans lesquels il passait. On y apprend que le colporteur était très attendu. Il faisait halte dans les fermes, chez le meunier, les journaliers. Ses clients étaient le plus souvent les domestiques et les servantes des grandes fermes, les petits paysans, les artisans des villages, les éclusiers ; il vendait aux cantonniers le long des routes, dans les auberges. Il apportait à domicile une marchandise bon marché qui convenait à cette clientèle de petites gens besogneux. Il vendait peu aux grands propriétaires et à la bourgeoisie des villes. Le colporteur de MontlhéryBourg important sur la grande Route Royale vers l'Espagne, MONTLHÉRY a eu, de tous temps, une vocation commerçante étroitement liée à l'existence de cette voie de communication. Pendant les périodes troublées de son histoire, et notamment pendant les guerres de religion, ses remparts constituaient de surcroît, une protection sûre pour le voyageur qui en faisait son étape. Les auberges et relais de poste y étaient nombreux et, toute l'activité économique liée aux transports y était florissante. La route royale PARIS-ORLEANS suivait alors un tracé différent de la Nationale 20 que nous connaissons. Après LA VILLE DU BOIS, la route empruntait l'actuelle voie des Postes, longeait le cimetière et pénétrait dans la ville par la Porte de Paris qui était située à l'angle de la Rue de Paris et de la Rue du Clos Bouquet, et continuait par l'actuelle Rue de la Chapelle, la Grande Rue jusqu'à la Porte Baudry, pour atteindre LINAS. André JOUANEN, dans son livre sur "MONTLHERY, douze siècles d'histoire", raconte: "La circulation y était dense : transports de blé et de farine de la Beauce, vins du Bordelais et de la Loire, produits du midi et du Massif Central, forains, convois de bétail, tâcherons à la recherche d'un emploi, compagnons du Tour de France, colporteurs, mouvements de soldats, pèlerins, bannières en tête, cheminant vers la Basilique de Longpont, Saint-Sulpice de Favière ou le lointain Saint-Jacques de Compostelle, carrosses de seigneurs, équipages et meutes de chasse, toute une foule bigarrée animait la ville et emplissait les auberges". Le Colporteur est un personnage dont l'existence remonte à la nuit des temps et dont la fonction sociale est, aujourd'hui, unanimement reconnue. A une époque où la société ne disposait pas encore des moyens actuels de communication, le Colporteur avait, non seulement un rôle économique, mais plus encore, il était le "porte parole", au sens premier du terme. Même en l'absence de chemins carrossables, il était en mesure d'atteindre les maisons les plus isolées, les fermes les plus reculées, et d'apporter en plus de son lot de marchandises, des nouvelles sur le monde extérieur qu'il côtoyait tout au long de ses déplacements. Eugène Bougeatre en fait une description pittoresque, dans son beau livre sur la vie rurale en Ile-de-France. "C'est un personnage qui a ses entrées partout. A la porte de l'habitation, il se tient légèrement courbé pliant sous le poids de l'énorme hotte dont ses reins sont chargés; en attendant qu'on l'invite à franchir le seuil, il a fixé sous la hotte un bâton de cornouiller, ce qui soulage une minute ses épaules endolories. C'est un homme sec et râblé, au visage tanné, un méridional sûrement, Basque ou Pyrénéen, dont les oreilles s'alourdissent de larges anneaux d'or. Le voilà maintenant dans la grande pièce du logis; petits et grands l'entourent, les yeux émerveillés, car il a déballé sa marchandise et il y en a pour tous les âges, pour tous les goûts, pour toutes les conditions. La hotte, soigneusement rangée en casiers qui se superposent, paraît inépuisable. A la ménagère, il offre du fil, des aiguilles, des épingles, de la laine, du coton, des lacets, des mouchoirs et des marmottes; à la jeune mère, des bonnets, des bavoirs et des bourrelets; à l'écolier, des plumes de fer et des crayons de mine de plomb; au garçon, du papier à lettres pour écrire à sa "bonne amie"; à la fille, des pointes de guipure, de la dentelle, des turbans de velours, des tabliers ouvragés; l'homme se laissera peut-être tenter par un couteau, une tabatière, une blague ou une pipe en vraie racine de bruyère. Aux amateurs de chansons, le colporteur propose les dernières de Pierre Dupont: Les Bœufs, le Chant des Paysans, le Chant des Ouvriers, deux sous, chez l'auteur à Paris: "Achetez les ici, ça vous évitera d'y aller, et ça vous coûtera moins cher...". Il n'oublie pas le rayon de librairie: les Cent recettes de cuisine bourgeoise, le Manuel du Bon Jardinier, le Parfait secrétaire, "pour les amoureux", ajoute-t-il en clignant de l'œil du côté des jeunes. Ah ! Cette hotte, quel insondable mystère !... Elle est remballée, lentement, méthodiquement: "Voyons, pas de regret... touchez-moi ça ...". La paysanne, dont on dit pourtant que "son porte-monnaie est en peau de hérisson", se laisse tenter. Et, tout à l'heure, en bouclant les bretelles de sa hotte, le colporteur s'apercevra qu'elle est plus légère. "Au revoir et merci, mes braves gens... A la prochaine". |