Montlhéry, cité millénaire.
Aujourd'hui :
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Abbé Jean Lebeuf, Histoire du diocèse de Paris, MONTLHERY, 1757
I - INTRODUCTION
Le nom de Montlhery est si célébre à Paris et aux environs, qu'une Notice de ce lieu un peu plus détaillée que celles qui ont paru jusqu'ici, ne peut que faire plaisir à beaucoup de Lecteurs.
Ce lieu a occasionné certaines fables de l'espece dont on en a débité sur d'autres montagnes où il reste d'anciennes tours. Un Ecrivain de l'année 1642 ne s'est pas contenté de dire qu'on y voit les vestiges de l'ancien Château de Gannes ; il ajoute qu'il a été de la Seigneurie de Geoffroy que nos Chroniques, anciennes selon lui, qualifient de Roi, lequel obtint la vie de son fils mort, par les voeux qu'il offrit à l'autel consacré par les Druides à la Vierge qui devoit enfanter. Morin avoit écrit avant lui qu'on disoit que ce Château avoit été bâti par Gannes, et que c'étoit une des forteresses où il se retiroit.
Après avoir rejetté toutes ces fables qui ne méritent pas plus d'être réfutées que le sentiment de ceux qui donnent à Montlhery pour fondateur un certain Lederic qu'ils supposent avoir été, premier Forestier de la forêt Charbonniere au sixiéme siécle, il seroit bon d'examiner si l'on peut faire un grand fond sur le nom latin que lui donnent les premiers Ecrivains qui en ont parlé. Car on n'en connoît aucun plus ancien que le douziéme siécle (1) ; sçavoir les Moines de Morigny en leur Chronique et l'Abbé Suger. L'un l'appelle Mons Lihericus, l'autre Mons Leherii, et tous se bornent à rapporter des faits de leur temps.
On lit dans le Préliminaire de la Chronique de Fontenelle, que le lieu où le Roi Carloman fut tué à la chasse par un cerf ou par un sanglier en 884, faisoit partie de la forêt d'Iveline, et s'appelloit Mons Aericus, ce qui auroit pu désigner le lieu de Mont-l'airy : mais par malheur la phrase où cela se trouve y a été insérée après coup, et n'a jamais été dans le Manuscrit de Fontenelle, ensorte que ce fait ne peut se trouver appuyé que sur des Ecrivains trop postérieurs à l'événement pour être crus, tels que Hariulf et Alberic. Aussi place-t-on avec plus de certitude la mort de ce Prince dans la forêt de Baisieu, Diocése d'Amiens, après un Auteur contemporain. Au défaut de ce témoignage, on peut apporter un titre encore plus ancien où Montlhery sera mentionné. C'est la Charte par laquelle le Roi Pépin donnant l'an 798 au Monastere de Saint-Denis plusieurs portions de forêts, plusieurs fermes et terres en divers lieux de la forêt d'Iveline, il s'explique ainsi, et Aetrico Monte cum integritate, car dans le langage vulgaire qui avoit déja quelque cours alors, il aura été facile par le moyen de l'article, de dire Mont Li Airy, et ensuite Mont l'Airy, puis Mont l'Hairy, et enfin Montlhery. Au reste cette Charte ne dit point que ce Mont fût habité, et la Chronique de Fontenelle le représente comme une suite de la foret d'Iveline, et un lieu de chasse.
(1). Je regarde comme trop nouveaux certains Mémoires françois du Château de Marcoucies, où l'Auteur de l'Anastase dit [p. 110] qu'en 851 les Normans étant venus à Paris, " exilierent" Montlhéry et l'Abbaye de Sainte-Geneviéve; ce même Auteur croit en conséquence que ce fut alors que ce Mont fut fortifié. Mais il n'a pas fait attention que ces Mémoires ont été pris sur quelque Chronique latine, où il y avoit que les Normans arrivant à Paris y ravagerent Montem Locutitium, qui est l'ancien nom de la montagne Sainte-Geneviéve, et que c'est une erreur d'avoir lu Montem Lethericum.
Présentation de l'ouvrage
I - Introduction
II - Thibaud
III - Les chevaliers
IV - La bataille
V - Les églises et chapelles
VI - Autres remarques
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