Montlh�ry, cit� mill�naire.
Aujourd'hui :
|
|
Abb� Jean Lebeuf, Histoire du dioc�se de Paris, MONTLHERY, 1757
II - THIBAUD
Les Abb�s de Saint-Denis ne garderent pas tous les biens dispers�s que P�pin leur avoit donn�s. Il y eut des �changes. L'Ev�que de Paris s'accommoda du Mons Aericus : mais vers la fin de la seconde race il c�da cette montagne � des Chevaliers qui se rendirent ses feudataires, et qui peu � peu la firent essarter. Ce ne peut �tre qu'en cons�quence d'une pareille cession que fut �tablie la redevance annuelle du cierge de vingt-cinq sols envers l'Ev�que de Paris, et le droit que le m�me Pr�lat avoit de se faire porter � son intronisation par le Seigneur de Montlhery, redevances regard�es au treizi�me si�cle comme d�ja tr�s-anciennes, sur-tout celle du cierge, et marqu�es comme telles, dans la copie qui fut faite alors du Cartulaire de l'Ev�ch�, et dont le Roi Philippe-Auguste avoit pass� reconnoissance (1). Or il n'est pas probable que nos Rois se fussent soumis � cette redevance, sinon parce qu'ils succ�doient aux anciens Seigneurs de Montlhery, qui ne l'avoient fait qu'en m�moire de ce qu'ils avoient eu de l'�glise de Paris une partie au moins de leur territoire, sur-tout celle qui avoisinoit le plus � Linas o� l'�glise de Saint-Merry, d�pendante de la Cath�drale de Paris, avoit des biens consid�rablement, selon des actes du dixi�me si�cle.
Au reste, �tant certain que Linais �toit un lieu habit� avant qu'on trouve aucune mention de Montlhery dans les titres ou dans les Historiens, et Montlhery n'ayant commenc� � �tre bien connu que vers l'an 1015, � l'occasion du Ch�teau qui fut b�ti alors sur la montagne, au bas de laquelle Linais est b�ti du c�t� du midi, il seroit injuste de dire que Linas doit son origine � Montlhery. C'est un Bourg s�par� dont je ferai un article particulier, et qui a une Paroisse d'un territoire �tendu dans la campagne, au lieu que la Paroisse de Montlhery est entierement renferm�e dans l'enceinte de la Ville et anciennement dans celle du Ch�teau , car je pense que c'est la construction du Ch�teau qui a donn� origine � la Ville : c'est la richesse des Seigneurs et la s�ret� dans le voisinage de leur Forteresse qui y a form� une peuplade dont l'Eglise �toit dans l'int�rieur de cette Forteresse : et ce n'est que long-temps apr�s que la Ville �tant augment�e il a �t� besoin de b�tir au-dedans une seconde Paroisse.
Pour nous tenir pr�cis�ment aux termes du Continuateur d'Aimoin, un nomm� Thibaud dont on ne fait venir l'origine des Montmorency que par pure conjecture, selon Duch�ne m�me, mais qui �toit rev�tu de la Charge de Forestier du Roi Robert, construisit la Forteresse dite Mons Lethericus. Peut-�tre fit-il aussi b�tir la Coll�giale de. Saint-Pierre. Ce Thibaud �toit surnomm� en latin Filans stupas, que l'on rend en fran�ois par File-�touppes, sobriquet qui lui fut donn� suivant l'usage de ce temps-l�, � cause de ses blonds cheveux. Guy, son fils, poss�da apr�s lui la Forteresse et Terre de Montlhery et en jouit sous le regne d'Henri I. Ce second Seigneur, conjointement avec Hodierne son �pouse, fonda au bas de son Ch�teau � la distance d'une petite demi-lieue vers l'orient d'�t� le Prieur� de Longpont : ce qui porte � croire que si son pere n'avoit pas fait b�tir d'�glise, c'�toit lui pareillement qui avoit fond� dans le Ch�teau de Montlhery la Coll�giale du titre de Saint Pierre, qu'une Charte de Louis VII dit avoir exist� d�s le temps des Seigneurs de Montlhery, aussi-bien qu'une Eglise de Notre-Dame qui �toit dans le m�me Ch�teau, �tant tr�s-vraisemblable que la pi�t� leur dicta de laisser des monumens de leur pi�t� dans l'int�rieur du Ch�teau avant que d'en faire �lever dans le dehors. Des deux fils et quatre filles qu'eut Guy, Seigneur de Montlhery, celui � qui la Seigneurie �chut fut Milon son a�n�, dit Milon-le-Grand, lequel eut quatre fils, s�avoir Guy dit Troussel ou Trousseau, Thibaud La Bofe, Milon, depuis Vicomte de Troyes, Rainaud, Ev�que de Troyes, et cinq filles qui furent toutes mari�es. Guy Trousseau, que quelques-uns ont nomm� le Roux ou Rousseau, �tant devenu Seigneur de Montlhery, apr�s Milon son pere, qui avoit excit� bien des troubles dans le Royaume � cause de son grand pouvoir, pr�senta au Roi Philippe I, qui se disoit vieilli des inqui�tudes et maux que lui avoit caus�s le Ch�teau de Montlhery, une occasion de les calmer. Il avoit eu de Mabille sa femme, une fille unique nomm�e Elisabeth ; il trouva le moyen de lui faire �pouser Philippe, Comte de Mante, que le Roi avoit eu de Bertrade de Montfort. De cette fa�on la haye qui emp�choit depuis tant de temps le libre commerce d'Orl�ans avec Paris, et qui �toit m�me au Roi la libert� d'aller � Etampes, fut rompue, ainsi que dit Suger ; la garde du Ch�teau fut confi�e au fils du Roi, gendre de Guy Trousseau : et m�me le Roi Philippe y fit quelque r�sidence � Montlhery, avec les Grands du Royaume la premiere ann�e du mariage de son fils. Mais la paix qui en r�sulta ne fut pas de dur�e; les Garlandes s'�tant brouill�s avec le Roi Philippe, attirerent Milon, Vicomte de Troyes, frere cadet de Guy Trousseau, qui s'�tant pr�sent� devant le Ch�teau de Montlhery avec un grand nombre de troupes, y rentra en possession. La femme du S�n�chal de France, Guy de Rochefort et sa fille, fianc�e au jeune Louis-le-Gros, �toient dans la Tour. Ce m�me S�n�chal accourut � la d�fense du Ch�teau, et pendant que les soldats de Milon assi�geoient cette Tour, il engagea les Garlandes � se d�partir de l'entreprise, ce qui d�couragea Milon, lequel fut oblig� de se retirer fort d�sol� de n'avoir pu la reprendre. Louis-le-Gros s'�tant rendu tr�s-promptement dans le Ch�teau de Montlhery au secours du S�n�chal, fut f�ch� de n'avoir pu y faire arr�ter les factieux : car il �toit dispos� � les condamner � la potence. Mais pour emp�cher que les parens de Guy Trousseau ne revinssent d�sormais � la charge, il fit abbattre toutes les bret�ches, fortifications et murailles du Ch�teau, ne r�servant uniquement que la Tour. Il paroit par le r�cit de Suger, que tout ceci se passa avant la mort du Roi Philippe.
Louis-le-Gros inform� de la justice des pr�tentions que Milon avoit sur le Ch�teau de Montlhery, le lui rendit et le retira par ce moyen de la faction des Conf�d�r�s: mais Hugues de Crecy, qui persistoit dans ce parti, ayant trouv� le moyen de l'arr�ter, le fit mourir. C'est ainsi que le Roi devint ma�tre absolu de la Tour et du Ch�teau de Montlhery tel qu'il �toit, aussi-bien que de ses d�pendances.
(1). On lit dans le Cartulaire de l'Ev�ch�, fol. 106, que le Roi fit porter l'Ev�que Guillaume pour les Terres de Corbeil et de Montlhery, par Baudoin de Corbeil. Ce doit �tre Guillaume de Seignelay ou Guillaume d'Auvergne qui ont v�cu avant le milieu du treizi�me si�cle.
Pr�sentation de l'ouvrage
I - Introduction
II - Thibaud
III - Les chevaliers
IV - La bataille
V - Les �glises et chapelles
VI - Autres remarques
|