Montlhéry, cité millénaire.
Aujourd'hui :
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Montlhéry sous Henri IV, d'après Claude Chastillon (5)
Par Jeannine GAUGUÉ-BOURDU - Bulletin monumental 1981
Introduction
Historique
Commentaire ponctuel des gravures
Commentaires centrés sur la gravure
22
Commentaires centrés sur les gravures
jumelées
Problème des proportions
Conclusion
Références
Commentaires centrés sur les gravures
jumelées
Les gravures jumelées, celle du bourg et la vue méridionale,
mettent en évidence le château dans son environnement. Il
domine le village dont les habitations sont bien groupées au nord
de la butte, un village enserré dans ses fortifications dont on
sait qu'elles ont été commencées en 1540 et achevées
vers 1589 (33) et qui apparaissent déjà sur la gravure de
Hoefnagel (fig. 3).
Il est possible de localiser le dessinateur et de préciser son
angle de vue pour l'une et l'autre des représentations.
a) Vue septentrionale. Considérons, tout d'abord,
la gravure intitulée " Le bourg et chasteau de Monthellry
passaige notable ", c'est à dire la vue septentrionale
de la ville et de la forteresse. Par rapport à la gravure
22, le sommet de l'angle de vue est repoussé vers le nord puisque
le dessinateur s'est placé en dehors des fortifications du bourg.
La confrontation du document au plan de la ville montre que la porte qui
marque l'aboutissement de la rue de l'Église, au premier plan de
la gravure, est la porte de Paris (fig.
5), aujourd'hui place de la Paix (Pa) et départ de la
rue de Paris. L'ordre de restitution des éléments de la gravure
confirme cette attribution. La vue est encadrée à l'est par
la motte de Montlhéry et à l'ouest par le grand chemin de
Paris à Orléans.
Fig. 11 - Relevé de la tour
et du château de Montlhéry exécuté par I.
Bardin en 1843.
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En effet, l'emplacement de la motte, de Montlhéry, en I
sur la gravure, est corroboré par un relevé exécuté
en 1843 par I. Bardin, professeur de Topographie à l'École
polytechnique et reproduit en annexe par Malte-Brun (fig.
11). A l'extrémité droite, Chastillon note en H
le grand chemin de Paris à Orléans, suivant sa juste orientation
nord sud. Celui ci était situé légèrement à
l'est de la route nationale n° 20 telle qu'elle apparaît sur
le plan. C'est le " passaige notable " signalé
dans l'intitulé.
Fig. 12 - Dessin du bourg de Montlhéry
par De la Pointe, deuxième moitié du XVIIe siècle.
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Le bas de la butte est ponctué à l'est par un édifice
religieux (G) dont les textes nous disent qu'il s'agit de l'église
du château ou prieuré Saint-Laurent Saint-Pierre qui formait,
" par une bizarrerie du Moyen-Age " (34), deux églises
distinctes séparées par un mur. Cette configuration est nettement,
bien que schématiquement, indiquée sur un dessin de De La
Pointe (35) (fig. 12).
Gaignières en 1704 (36) attribue, à tort du reste (fig.
13), la double nef à l'église de la Sainte Trinité.
I. Bardin indique l'emplacement de l'église Saint-Pierre Saint-Laurent
qui a été détruite au commencement du XIXe siècle
(37). Chastillon s'impose-t-il, pour représenter les deux nefs,
de les dessiner perpendiculairement l'une à l'autre ? Il est plus
vraisemblable de penser que sa notation est, ici, conventionnelle, l'édifice
religieux étant signalé par un clocher que l'on ne retrouve
ni sur le dessin de De La Pointe ni sur la gravure de Gaignières.
Fig. 13 - Gravure du bourg de Montlhéry,
Coll. Gaignères, 1704.
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Les bâtiments ruinés, à droite de l'édifice
religieux, pourraient être la maison priorale signalée par
Malte-Brun (38).
La forteresse sur sa butte est davantage silhouettée que sur la
gravure du château en gros plan, puisque dessinée de plus
loin. On observe en D la chapelle Saint-Louis avec son mur pignon
nord au premier plan. A gauche de celui-ci la notation graphique est moins
identifiable. S'agit-il du mur pignon sud qu'il serait normal de trouver
là ou d'une tourelle clocheton qui ponctuerait l'angle sud est de
la chapelle ? Il semble qu'on la retrouve très amincie sur la gauche
de l'édifice, rabattu en largeur (D), sur la vue méridionale.
La lettre repère C, sur la gravure du bourg, indique la façade
d'entrée du château où la perspective ne fait apparaître
que les deux tourelles des angles. Le parallélisme de cette façade
est et de la chapelle confirme l'orientation effectivement nord sud de
cette dernière. Les murs nord et sud (B) apparaissent en
surimpression. La courtine qui relie la " tour brûlée
" au donjon est, par contre, plus nettement et plus largement dessinée
que sur la gravure 22
et la bretèche du donjon occultée. Cela s'explique par le
recul de l'angle de vue vers le nord et son léger déplacement
vers l'ouest observable sur le plan (fig.
5). L'insistance que Chastillon apporte à cette notation s'explique
également par l'intérêt documentaire jamais absent
des préoccupations de notre topographe. Le jaillissement du donjon
(A) illustre sans doute l'habitude qu'avait Chastillon de faire
saillir les repères. La comparaison gravure / plan justifie l'emplacement
de l'église de la Trinité (F) et sa situation légèrement
de biais. A sa droite, l'édifice à tourelles pourrait être
la porte Baudry (en Ba sur le plan), seule des quatre anciennes
portes de la ville encore en place aujourd'hui, au pied de la butte. Elle
commande le chemin vers le bourg, de Linas immédiatement au sud
de Montlhéry. La porte du Montoire (en Mo sur le plan) près
de la rue du même nom apparaît vraisemblablement sur la gravure
de Chastillon près du grand chemin d'Orléans (H).
b) Vue méridionale. La gravure de la vue, méridionale
représente la butte de Montlhéry avec tous les éléments
de son château. L'examen du plan permet de penser que Chastillon
dessinait depuis l'église de Linas (en Li sur le plan) d'où
il pouvait apercevoir l'église de la paroisse voisine se profiler
en arrière de la butte. Les sommets des angles de vue des gravures
jumelées apparaissent alors diamétralement opposés
Par rapport à la butte suivant une trajectoire exactement nord sud
qui justifie pleinement l'intitulé " aspeq méridional
" de la troisième vue de Montlhéry. Celle ci appelle
deux remarques. L'orientation de la chapelle Saint-Louis a été
discutée plus haut. L'église de la Trinité, suivant
qu'elle apparaît sur l'une ou l'autre représentation jumelée
(en F et en E), marque des différences notables :
le clocher placé à l'extrémité de la nef (en
E) est plus conforme à la réalité mais moins
exact quant à sa forme. On est amené à parler, ici
encore, de notation conventionnelle.
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