Montlhéry, cité millénaire.
Aujourd'hui :
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Le château de Montlhéry (3)
SOMMAIRE
(Texte anglais traduit par Christine
Kaminski)
2. HISTORIQUE
2.1. Du Néolithique à la fin du Haut-moyen-Âge
Une occupation préhistorique est attestée dès le néolithique. Des pierres
taillées puis polies, de nombreuses poteries trouvées dans toute la région,
attestent que les premiers hommes y ont séjourné au cours du néolithique.
En revanche, aucun élément n'a été découvert sur le site du château.
A l'époque gallo-romaine, la région de Montlhéry faisait partie de la
forêt Aequalinae, au milieu de laquelle passait la limite entre Parisii,
Sénons et Carnutes - limites qui étaient des plus vagues.
Cette forêt était traversée par la voie romaine Paris-Orléans qui passait
au pied de Montlhéry dans l'actuelle commune de Linas.
L'existence d'un vicus routier lié au franchissement de l'eau, situé
au pied de la raide butte de Montlhéry est attesté par la découverte d'une
nécropole gallo-romaine et mérovingienne en 1890 et en 1981 à Linas.
Le mobilier funéraire contenu dans la dizaine de tombes trouvées à ce
jour est datable des IIème et Vème siècles.
L'examen des abords des fosses permet de considérer comme certaine la
proximité d'habitations (présence de tessons de céramiques domestiques
et de tuiles dans les déblais). L'habitat devait s'étendre vers l'ouest
et le sud au long de la voie romaine. Cet axe de communication passait
devant l'église Saint-Merry et franchissait le ruisseau "la Sallemouille"
au pied de la butte de Montlhéry. Depuis, cet endroit très marécageux a
été assaini.
La permanence de l'habitat pendant les périodes Mérovingienne et Carolingienne
est prouvée par l'emplacement de l'église Saint-Merry construite sur la
nécropole gallo-romaine et Mérovingienne. De plus, l'église Saint-Merry,
connue par les textes à l'époque Carolingienne peut avoir une origine Mérovingienne,
puisque son vocable, Saint-Etienne, suggère une date de fondation haute.
Cette concentration d'habitat en fond de vallée reflète la réalité du
peuplement de I'Essonne au Bas-Empire et au Haut-Moyen-Âge. Le passage
de grandes voies de communication a constitué un des éléments de fixation
des populations dans ce secteur.
L'histoire véritablement connue de Montlhéry commence en 768, époque
à laquelle l'abbaye de Saint-Denis reçut de Pépin le Bref "Aetrico
monte cum integritate". La donation du Mont de Montlhéry est confirmé
par un acte de Charlemagne en 774.
Plus tard, selon les traditions orales, Montlhéry aurait été échangé
contre quelques autres terres appartenant aux évêques de Paris, et devint
ainsi un de leurs fiefs.
L'un d'eux le céda à des chevaliers qui devinrent ses feudataires.
2.2. Les Comtes de Montlhéry (991 - 1118)
2.2.1. Thibaud File-Etoupe et sa proche descendance (991-1105)
Le premier des seigneurs de Montlhéry qui soit connu est Thibaud, que
ses cheveux d'un blond pâle firent surnommer File-Etoupe. Il était un des
principaux barons de Hughes Capet, puis du roi Robert. Il remplissait la
charge de forestier, fonction importante incluant celle aussi de grand
maître des eaux et forêts, de grand louvetier, de grand fauconnier et de
grand veneur.
Un texte continuant "l'Historia Francorum" d'Aimoin de Fleury
dit :
"Temporis Roberti regis, Théobladus cognomine Filans
Stupas, forestarius ejus, firmavit Montemlethericum"
Donc, il fortifia le mont vers 991, pour des raisons sans doute politiques.
En effet, le Domaine royal de Robert le Pieux, incluant Montlhéry, n'était
pas une région unie. Dans la zone Ouest et Sud de son domaine, le roi devait
faire face aux menées des comtes de Blois. Le Capétien devait disposer
de points d'appui pour contrer les manoeuvres de la maison de Blois. Montlhéry
fut, sans doute, l'une de ces bases.
Le
château ne devait consister qu'en une tour de bois isolée, protégée par
une enceinte ; et peut-être s'élevait-elle sur ce monticule, aujourd'hui
bien réduit, que l'on nomme la motte de Montlhéry.
Toujours d'après le récit d'Aimoin de Fleury :
"Ipse (Théobaldus Filans Stupas) habuit unum filium nominatum Guidonum,
qui accepit in uxore dominam de Feritate et de Gommet. Idem Guido genuit
ex ea Milonem de Brayo et Guidonem Rubeum"
Par ce texte, on apprend que du temps du roi Robert (996-1031), le fils
de Thibaud File-Etoupe, Guy, épousa la dame de la Ferté et de Gometz. De
cette union naissait Milon de Bray et Guy le Rouge.
Il paraît certain que Guy fit élever le prieuré Saint-Pierre près de
son château ainsi qu'une église Notre-Dame qui servit d'abord de paroisse
aux habitants du bourg. Son épouse Hodierne établit un monastère à Longpont
pour servir de nécropole familiale.
Cependant, Guy 1er de Montlhéry voyait ses enfants alliés, par mariage,
aux plus nobles familles de France : Milon son aîné, avait épousé Lithieuse,
vicomtesse de Troyes ; Guy le Rouge, son second fils, était comte de Rochefort;
Guillaume, le dernier, seigneur de Gometz; sa première fille, Mélisende,
avait épousé le comte de Rhéteil; Mélisende la jeune, le sire de Pont-sur-Seine;
Elizabeth était femme de Josselin de Courtenay; Alix avait épousé Hughes,
sire du Puiset, enfin sa dernière fille venait d'être mariée à Gauthier,
comte de Saint-Valéry.
Guy 1er ne posséda pas la seigneurie jusqu'à sa mort car voulant mourir
en chrétien, il la laissa à son fils Milon et se retira comme simple moine
dans le prieuré de Notre-Dame de Longpont.
Il semble que ce dernier Milon le Grand, ne se montra pas aussi dévoué
à Philippe 1er que l'avait été son père. En effet, il se ligua plusieurs
fois avec les ennemis de ce prince. Ainsi Philippe 1er comprit l'importance
stratégique de ce château qui contrôlait toutes les communications entre
les deux villes capétiennes : Paris et Orléans. Il essaya d'obtenir par
voie d'échange ou d'achat cette forteresse sans succès. Heureusement la
croisade lui vint en aide.
Milon le Grand partit à la première croisade (1096-1104) avec son fils
aîné, Guy Troussel, son frère Guy le Rouge, comte de Rochefort, et son
neveu Hughes, sire de Crécy, fils du précédent. Il est possible de dater
leur départ en 1096, puisque Guy le Rouge, aussi sénéchal, disparaît des
actes vers 1095 pour réapparaître en 1104.
On connaît le résultat du voyage par l'abbé Suger. Guy Troussel abandonna
la sainte entreprise, à l'insu de son père, il s'échappa d'Antioche assiégée
par l'armée de Corboran et revint en France.
La croisade terminée, Milon le Grand, retrouva son fils déshonoré. Il
repartit en terre sainte où il mourut à la bataille de Ramlah en 1103.
Guy Troussel devint seigneur de Montlhéry, mais abandonné de tous, il
se vit contraint d'accéder aux propositions de Philippe 1er. Il consentit
à lui abandonner son château, à la condition que le roi de France marie
son fils naturel Philippe de Melun avec Elizabeth, son unique héritière.
Ce mariage fut célébré en 1104.
Le roi Philippe 1er dit à son fils Louis, selon Suger, "Allons !
enfant Louis, sois bien attentif à conserver cette tour d'où sont parties
des vexations qui m'ont fait presque viellir, ainsi que des ruses et des
fraudes criminelles qui ne m'ont jamais permis d'obtenir une bonne paix
et un repos assuré".
Ainsi donc en l'an 1104, le château de Montlhéry revint à la couronne.
2.2.2. Louis VII et Milon (1105-1118)
Le château de Montlhéry fut à cette époque le théâtre de grands événements
qui eurent leur historien contemporain : Suger, l'abbé de Saint-Denis et
l'ami de Louis VI, dont il voulut écrire la vie.
Résumons ici ce qu'il dit sur Montlhéry et ses seigneurs :
Milon, vicomte de Troyes, frère cadet de Guy Troussel, avec les frères
Garlande et d'autres barons, se présenta devant Montlhéry avec des soldats.
Accueilli dans l'intérieur du château, grâce aux intelligences qu'il s'y
était conservées, il en fit soulever la garnison : "ces traîtres courent
aux armes, volent vers la tour, attaquent ceux qui la défendent, et combattent
si vivement avec la flamme, le glaive, la lance, l'épieu et les pierres,
que dans plusieurs endroits ils font brèche au rempart extérieur de la
tour et blessent mortellement beaucoup de ces défenseurs". Dans cette
tour s'étaient réfugiées Alix de Rochefort, femme de Guy le Rouge, sénéchal
de France, et sa fille Lucienne fiancée au fils du roi. Guy le Rouge arma
une troupe pour délivrer les siens. Ceux qui attaquaient la tour ne purent
s'en emparer et s'enfuirent à la vue de l'ost de Guy le Rouge. Le sénéchal
sut habilement détacher les frères Garlande de la ligue des seigneurs,
et Milon de Troyes, son neveu, abandonné de tous, alla cacher sa honte
et sa colère dans ses domaines.
Louis VI, de retour à Montlhéry, confirma la paix signée entre Guy le
Rouge et les barons, mais par prudence il détruisit toutes les fortifications
à l'exception de la tour.
Un des premiers actes de Louis VI, devenu roi en 1108, à la mort de son
père, fut d'enlever à Hughes de Crécy, fils de Guy le Rouge, la dignité
de sénéchal, pour la donner à Anselme de Garlande, dont le frère Etienne
reçut la charge de chancelier. Il fit présent à son frère naturel, Philippe
de Melun, de la terre et du château de Montlhéry. Mais celui-ci rendit
à Hughes de Crécy le château, pour entourer le roi d'un cercle d'ennemis.
Hughes se hâta vers sa nouvelle seigneurie quand le roi se lança à sa poursuite.
Pendant quelques jours les deux adversaires s'opposèrent, l'un pour avoir
la seigneurie et l'autre pour empêcher de l'avoir. C'est alors que se présenta
Milon Il de Braye, cousin de Hughes, qui demanda la seigneurie par droit
héréditaire. Le roi offrit alors Milon Il comme sei4neur aux habitants
de la ville. Ceux-ci enjoignirent à Hughes de sortir au château, le menaçant
de mort. Hughes fut alors obligé de s'enfuir.
A partir de là, il faut s'en remettre à la "chronique de Morigny"
par laquelle il est dit que :
Hughes était furieux de s'être fait enlever le château de Montlhéry par
son cousin Milon à qui il revenait de bon droit. C'est pourquoi il se mit
à en ravager les alentours. Peu après, il réussit à s'emparer du château
grâce à une trahison. Il emprisonna alors Milon II dans sa tour de Châteaufort.
Une nuit, "pris de folie" dit la chronique, il étrangla son cousin
de ses propres mains puis le défenestra, peut-être pour faire croire à
un accident. Les représailles royales ne se firent pas attendre : le roi
se jeta sur le château de Gometz qu'il prit rapidement. Hughes, pris d'une
peur panique, fut sommé de paraître à la cour de son seigneur.
Ce passage est intéressant car on apprend que son seigneur est en fait
Amaury IV de Montfort, gruyer, de la forêt des Yvelines. Quoi qu'il en
soit, Hughes de Crécy fondit en larmes, se prosterna aux pieds du roi qui
était présent, lui remit ses terres et revêtit l'habit monastique. Tout
ceci se passait avant la mort d'Anseau de Garlande en 1118.
C'est ainsi que le château de Montlhéry rentra définitivement sous le
joug royal après avoir eu successivement pour seigneurs : Thibaud File-Etoupe,
Guy 1er, Milon le Grand, Guy II Troussel, Milon II de Braye et Hughes de
Crécy.
2.3. Les Prévôts (1118-1529)
2.3.1 L'Organisation de la Prévôté
Le bourg de Montlhéry s'était considérablement accru, Il débordait les
anciennes fortifications dont ses premiers seigneurs l'avait entouré. Ce
bourg avait deux portes du temps de Milon le Grand ; l'une s'appelait la
porte de Paris, et l'autre la porte de Baudry. L'agglomération tirait,
aussi, beaucoup d'importance de son marché qui se, tenait le lundi de chaque
semaine. Les Juifs avaient, moyennant finance, obtenu l'autorisation de
s'y établir, et, ils avaient un quartier à eux ; de là les noms de : rue
des juifs, rue soulier Judas.
Cet accroissement du bourg de Montlhéry donna lieu d'y établir des prévôts
et gardes du château.
Maître du château de Montlhéry, Louis VI en confia la garde à un prévôt
(proepositus regis) qui, sous le titre de châtelain, et plus tard de capitaine,
devait conjointement avec des chevaliers qui relevaient de la seigneurie,
le garder en son absence. Ces personnages s'intitulaient, selon les textes,
gardes, prévôt ou capitaines du chastels, chastellenie et comté de Montlhéry
; et ils prêtaient serment en la chambre des comptes, de le restituer au
roi quand ils en seraient requis.
Lors de la réorganisation administrative du royaume par Philippe-Auguste,
Montlhéry devint le siège de l'une des soixante-dix-huit prévôtés royales.
La prévôté de Montlhéry s'étendait du Nord au
Sud : de Mons et d'Athis jusqu'à Lardy et la Ferté-Alais ; et de l'Est
à l'Ouest : de Vert-le-Grand à Angervilliers et au Val-Saint-Germain. Elle
comprenait aussi les cantons actuels de Longumeau, d'Arpajon, et partie
de ceux de Limours et de Dourdan. La juridiction de cette prévôté s'exerçait
sur plus de cent paroisses, et sur cent trente-trois fiefs. La plupart
de ces fiefs appartenaient à des chevaliers désignés sous le nom de Milites
de Fisco Montis Letherici. Ils devaient la garde du château pendant deux
mois chaque année. Les écrits ont gardé la trace de Guy de Valgrineuse,
Beaudoin de Corbeil, Payen de Saint-Yon, ...
2.3.2. Les Séjours Royaux (1160-1356)
Louis VII résida plusieurs fois à Montlhéry avec Suger, son ministre,
il y data plusieurs chartes, notamment, une en 1144, en faveur de l'abbaye
de Saint-Denis.
Dans l'intérieur du château, il y avait à cette époque, deux églises
l'une, la collégiale de Saint-Pierre, était desservie par des chanoines
séculiers; l'autre était l'église paroissiale Notre-Dame. Ces deux églises
furent réunies en 1154 au prieuré de Longpont, et les abbés de Longpont
en nommèrent les curés jusqu'à ce que Saint-Pierre soit érigé en prieuré
particulier vers l'an 1420. On l'unit alors avec la chapelle voisine de
Saint-Laurent et désormais les deux édifices ne firent plus qu'un seul
bâtiment.
A son retour de la seconde croisade, vers 1160, Louis VII fonda dans
le bourg la léproserie de Saint-Pierre, pour les pauvres malades ; c'est
aujourd'hui l'hôtel-Dieu, et à côté de cet établissement il fit construire
la chapelle de Notre-Dame du Mont-Carmel qui, plus tard agrandie, devint
l'église paroissiale, sous le vocable de la Trinité.
Philippe-Auguste habita souvent le château de Montlhéry. A la requête
de Guillaume, évêque de Paris, il y signa des lettres patentes par lesquelles
il reconnaissait devoir, tous les ans, à l'évêché de Paris, la somme de
quarante-cinq sous pour les cierges des fiefs de Corbeil et de Montlhéry,
confisqués et réunis à la couronne. En 1184, il y signait encore une charte
par laquelle il abandonnait à l'abbaye du Bois-des-Dames, près de Lagny,
la dixième partie du pain et du vin qui se consommait à Montlhéry pendant
les séjours qu'il y faisait.
Saint-Louis pendant sa minorité (1223-1229), séjourna plusieurs fois
avec la reine Blanche de Castille à Montlhéry.
En 1227, lors de la conspiration des seigneurs contre la régente, le
roi et sa mère s'étant mis en chemin pour se rendre à Vendôme pour rejoindre
leurs fidèles ; on apprit que les rebelles faisaient avancer des troupes
vers Etampes et Corbeil pour enlever le jeune roi. Louis IX était déjà
à Châtres (Arpajon), lorsqu'il fut averti par Thibaud, comte de Champagne,
qui l'engagea à se retirer dans le château de Montlhéry. La tradition du
pays dit que le jeune roi se cacha dans un souterrain dont on voit l'entrée
à quelque pas de la tour.
Les parisiens dit le sire de Joinville, accoururent en foule délivrer
le jeune roi et sa mère pour les emmener ensuite à Paris. On attribua à
Saint-Louis la construction d'un des bâtiments de l'enceinte du château.
En effet, à son retour de la croisade, vers 1254, il fit élever à gauche
de l'entrée de cette esplanade, la chapelle qui portera son nom.
Jean le Bon séjourna à Montlhéry pendant les premières années de son
règne. Il y venait pour la chasse. Philippe de Saint-Yon était alors capitaine
et comte de Montlhéry. Le dauphin Charles, depuis Charles V, résida au
château pendant la captivité de son père, notamment après avoir dissout
l'assemblée des Etats Généraux convoqués par ordonnance du 28 décembre
1355. Il datait même de Montlhéry une ordonnance du 5 décembre 1356 relative
aux immunités de la ville de Tournay.
2.3.3. La Guerre de Cent Ans (1360-1450)
L'histoire du château de Montlhéry pendant les hostilités entre les Anglais,
les Français et les Armagnacs contre les Bourguignons est connue par le
récit, fortement détaillé, rendu par Victor-Adolphe Malte-Brun, récit confirmé
par les archives conservées.
En. 1358, sous la prévôté de Jacques d'Hangest, les Anglais assiégeaient
le château sans pouvoir s'en emparer. En 1360, cette fois-ci les troupes
d'Edouard III réussirent à l'occuper, mais pour peu de temps, car un nouveau
prévôt y fut nommé par Charles VI en 1365. Olivier de Clisson reçut en
1382 la garde et la capitainerie du château de Montlhéry. Il quitta son
château en catastrophe pour la Bretagne à la suite d'un accès de démence
de Charles VI qui voulait arrêter son connétable. En 1409, les Armagnacs
s'emparèrent de Montlhéry mais l'évacuèrent un an après, pour revenir l'occuper
l'année suivante.
En 1413, le Duc de Bourgogne les chassa et y établit les gens du roi.
Le 8 octobre 1417, le Duc de Bourgogne, Jean sans Peur, se retira vers
Montlhéry. Tannegui Duchâtel prévôt de Paris, excédé par les exactions
de la garnison de Montlhéry sur la région de Paris, assiégea le château
et le prit en 1418.
Après sa prise, Montlhéry tenait toujours pour le parti du Dauphin. Avec
le départ des parisiens, la garnison de Montlhéry recommença ses pillages.
Un deuxième siège des parisiens échoua.
Ce ne fut qu'en 1423 que Montlhéry se rendit au régent, le Duc de Bedford.
La forteresse resta au main des Anglais jusqu'en 1436. Un capitaine de
la milice bourgeoise, nommé Gauvain Leroy, rendit le château-fort à Charles
VII. Celui-ci pour le récompenser : le nomma prévôt.
Le bourg continuait à s'étendre et plus particulièrement sur la place
du marché et vers la route de Paris. La chapelle de Notre-Dame du Mont
Carmel, qui dépendait de l'hôtel-Dieu, fut agrandie en 1400 et érigée en
paroisse sous l'invocation de la Sainte Trinité.
2.3.4. La Bataille de Montlhéry - (1465)
C'est en effet dans la plaine qui s'étend entre Montlhéry et Longpont
que les armées de Charles, comte de Charolais, depuis Charles le Téméraire,
et du roi de France se rencontrèrent au temps de la guerre dite : la Ligue
du Bien Public. L'historien Philippe de Commines qui assistait à cette
bataille, aux côtés du Charolais, en a laissé
un récit détaillé.
Ce fut un étrange combat : l'armée du roi de France, forte de trente
mille homes solides, bien armés remontait vers Paris sous le commandement
du roi lui-même quand Louis XI apprit que son adversaire Charles le Téméraire,
accompagné du comte de Saint-Pol qui dirigeait l'avant-garde, descendait
en hâte à sa rencontre après avoir contourné Paris, hostile à son entreprise,
dans l'espoir de faire sa jonction avec les forces du Duc de Bretagne François
II.
Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, s'établit dans le château fort
de Montlhéry qui barrait la vieille route du Languedoc, la route de Saint-Jacques
de Compostelle. Les avant-gardes du roi de France avaient traversé la forêt
de Torfou, au nord d'Étampes, où se trouvait le roi.
Le combat , inévitable, s'engagea le 16 juillet 1465 au matin dans la
plaine de Longpont. Une première escarmouche eut lieu à l'extrémité du
village de Montlhéry. Les Bourguignons incendièrent une ou deux maisons
et forcèrent les avant-gardes françaises à reculer. Pendant ce temps, Louis
XI massait ses troupes derrière le château.
Charles le Téméraire crut qu'il avait gagné la partie. Il s'élança au
pas de charge avec ses archers. A ce moment, les gens du roi se dressèrent
brusquement et criblèrent de flèches la cavalerie qui suivait. Charles
n'eut d'autre ressource que de piquer en avant, passant sur le corps des
archers qui se dispersèrent dans la forêt. Charles continuait toujours,
persuadé qu'il avait taillé en pièces l'armée du roi. Quand il apprit qu'en
réalité le combat se poursuivait à Montlhéry, il rebroussa chemin avec
son escorte et retrouva le gros des troupes que Saint-Pol regroupait.
Le contact était rompu. L'armée royale, en bon ordre, s'était rassemblée
autour de Louis XI. On fit donner le canon, de part et d'autre, sans grand
résultat. Louis XI et ses troupes se dirigèrent vers Corbeil où le roi
passa la nuit. Le Téméraire campa sur le champs de bataille. Il était persuadé
que la lutte reprendrait le lendemain. Au matin, il s'aperçut qu'il n'avait
plus d'adversaire en face de lui. Il clama qu'il était vainqueur et reprit
le chemin d'Étampes. Louis XI annonça, de son côté, à ses villes qu'il
était victorieux.
En fait, l'issue du combat restait douteuse. Mais l'armée Bourguignonne
comptait des pertes supérieures à celle de Louis XI. Les atouts du roi
de France étaient supérieurs à ceux de son adversaire.
2.4. Les Seigneurs Engagistes (1529-1789)
2.4.1 Le Système de l'Engagisme
Le 6 avril 1529, le roi François 1er donnait la terre et la seigneurie
de Montlhéry, mais avec faculté de rachat, à François d'Escars, seigneur
de Vauguyon et sénéchal du Bourbon.
A partir de cette époque, la châtellenie et comté de Montlhéry cessa
d'appartenir directement à la couronne. A sa tête, se succédaient des seigneurs
engagistes qui obtenaient du roi, moyennant une somme déterminée, l'administration
et les revenus de la seigneurie. Mais le roi restait toujours maître de
racheter ces droits pour en disposer de nouveau selon son bon plaisir.
Le seigneur engagiste tant que le roi n'avait pas exercé ce droit de
rachat "jouissait, à l'avenir par lui, ses hoirs et ayant cause, de
la terre et seigneurie du dict Montlhéry, ses appartenances et dépendances,
maisons, manoirs, cens, rentes. Justice : haute, moyenne et basse ; les
fiefs et aumosnes et autres charges accoutumées."
Il faisait administrer la prévôté et châtellenie par divers officiers.
Le plus important était le prévôt, ou sous-bailli. Ce personnage remplissait
les charges de juge ordinaire, d'assesseur du lieutenant civil et criminel
; de commissaire enquesteur et examinateur, et de voyer pour le roi. Après
lui venaient : le procureur du roi, l'adjoint aux enquêtes ; le substitut
du procureur du roi, deux certificateurs des criées ; le tiers référendiaire
; le commissaire aux saisies réelles ; le receveur des épices et des consignations
; le greffier de l'écritoire ; le greffier de la justice ordinaire ; les
vingt-deux procureurs, plus tard réduits à douze ; les quatre notaires,
plus tard en 1621, on en créa dans chacune des principales paroisses qui
relevaient de la châtellenie ; les sept huissiers audienciers, plus tard
réduits à trois ; les douze sergents royaux, le sergent fieffé, et les
sergents des bois, des chasses et des eaux et forêts ; un commissaire du
vin pour le roi, un courtier des vins, un arpenteur juré, le capitaine
du château, un lieutenant de la capitainerie, un capitaine des chasses
et, enfin, un chapelain de la chapelle Saint-Louis.
Montlhéry était le siège d'un des anciens bailliages du royaume composant
la vicomté de Paris. Le prévôt de Paris n'avait aucun droit de justice,
si non en tant que bailli de Montlhéry et des autres bailliages de la vicomté
de Paris.
Au point de vue ecclésiastique, Montlhéry, lors de sa fondation, dépendait
d'abord du doyenné rural de Linas. Mais lorsque le bourg eut pris de l'importance,
c'est à dire dans les premières années du XIVème siècle, le siège du doyenné
fut transporté de Linas à Montlhéry.
A cette époque, l'agglomération de Montlhéry s'était accrue principalement
dans le voisinage du marché et dans la direction du chemin de Paris ; plusieurs
rues transversales étaient venues se rattacher à la grand'rue. En dehors
de la vieille porte Baudry, il ne restait plus trace de la première enceinte
qui avait dû relier le bourg naissant au château. Par ce fait, les habitants
obtinrent par lettres patentes, en date du 9 juillet 1540, la permission
de clore à leurs frais et dépens, leur ville de murailles, avec pont-levis,
tours, fossés et barbacanes pour se protéger des "mauvais garçons".
Donc la ville fut alors entourée de murailles et flanquée de tours. On
y entrait par trois portes principales : la porte Baudry, du côté de Linas
; la porte de Paris en direction de la capitale ; et la port de la Borde,
ouvrant sur l'accès menant, d'une part au château et d'autre part à Saint-Michel-sur-Orge
et à Longpont. Ces fortifications, élevées à la hâte, furent probablement
érigées avec les débris des premières enceintes du château.
Le 1er mars 1543, les commissaires royaux rachetèrent à François d'Escars
la terre et seigneurie de Montlhéry. Ils les vendirent à Claude de Clermont,
seigneur de Dampierre ; mais celui-ci ne garda pas longtemps ce domaine,
car le 3 mars 1547, les commissaires le rachetèrent de nouveau toujours
pour le donner à titre d'engagement au chancelier François Olivier. Ce
ne fut que l'année suivante, en 1548, que le chancelier de Leuville prit
possession de sa terre et seigneurie de Montlhéry.
2.4.2. Les Guerres de Religion (1562-1590)
L'histoire de Montlhéry pendant les guerres de religion est très bien
relatée par Jeannine Gaugué-Bourdu dans son récent article. En voici un
résumé : " Dès 1562, lorsque le prince de Condé se sépare de la cour
et rassemble son armée autour d'Orléans, il s'empare de Montlhéry. Boucher
d'Argis le signale ainsi : "Pendant les troubles de la Ligue en 1562,
Montlhéry fut pris par le prince de Condé et ses religionnaires".
Le bourg est pillé et le château, investi, devint le quartier général de
Calvinistes qui en sortent pour ravager les environs. Les monastères de
Longpont et de Marcoussis, voisins de Montlhéry, sont "dévastés, livrés
au pillage et brûlés". La chape11e Saint-Louis du château qui apparaît
sur les gravures de Chastillon, a,. sans doute, été dévastée à ce moment.
Jusqu'à la fin du siècle, le château passera successivement aux mains des
différents partis en présence. En 1585, les Ligueurs chassent les troupes
du prince de Condé mais les habitants de Montlhéry, exaspérés, tuent le
capitaine et remettent le bourg et sa forteresse à Henri III. C'est le
même Henri III qui ordonne, le 9 décembre 1587, aux Montlhériens de réparer
les fortifications de leur ville, ce qui sera à peu près terminé en 1589.
Cette même année, le duc de Mayenne qui commande l'armée de la Ligue, envoie
à Montlhéry un émissaire à la tête d'une troupe avec ordre de s'y établir.
Le prévôt de la ville fait remarquer que le château est "inhabitable"
et accueille Henri IV en sauveur, le 5 avril 1590. Le roi fait un nouveau
séjour à Montlhéry à la fin de l'année. Dès son départ, des partisans s'emparent
du château et la ville est une nouvelle fois dévastée et pillée. La résistance
des habitants est vigoureuse et ils réussissent à les chasser. Mais la
forteresse, dont l'état ne permettait plus l'installation d'une troupe
régulière, était devenue "plutôt une cause de danger que de protection"
et le gouverneur de Paris donne, en 1591, l'autorisation aux Montlhériens
de la mettre en "état de neutralité" et de la raser au besoin.
C'est à ce moment que furent démolies les principales fortifications
de l'esplanade, que l'on se servit des matériaux pour achever la réparation
des murs d'enceinte de la ville. Le 15 décembre 1603, Jêrome le Maistre,
sieur de Bellejambe, obtient, par lettres patentes du roi Henri IV, l'autorisation
de prendre les pierres du château pour élever sa maison de Marcoussis,
à deux kilomètres de Montlhéry, et l'entourer de fossés. Il devra, cependant,
respecter le donjon. Des religieuses utilisèrent également des décombres
de la forteresse pour construire une chapelle à Montlhéry même.
2.4.3. Les Derniers Seigneurs Engagistes (1603-1789)
Armand Duplessis, évêque de Luçon, plus tard cardinal de Richelieu, avait
acquis la terre et comté de Limours qui relevait de Montlhéry. En 1603,
il obtint de la reine Marie de Médicis que la terre et seigneurie de Montlhéry
fut de nouveau mis en vente. C'est ainsi qu'il fut le septième seigneur
engagiste de Montlhéry.
Mais en 1627, le roi Louis XIII, voulant accroître l'apanage de son frère
Gaston d'Orléans, acheta du cardinal de Richelieu son comté de Limours
et lui retira, aussi, celui de Montlhéry pour les réunir au duché de Chartres,
domaine du frère de Louis XIII. Gaston d'Orléans conserva la terre et seigneurie
de Montlhéry jusqu'en 1660, date de sa mort.
Après la mort de Gaston d'Orléans, le roi Louis XIV, par lettres patentes
en date du 19 juin 1662, laissa à Marguerite d'Orléans, sa veuve, la jouissance
et l'usufruit des domaines de Montlhéry et de Limours. Mais celle-ci fit
rétrocession de ces mêmes domaines à l'exception du château de Limours
qu'elle voulait habiter, à Guillaume de Lamoignon, premier président au
parlement de Paris, qui devint ainsi le dixième seigneur engagiste de Montlhéry.
A la mort de Guillaume de Lamoignon, en 1677, sa veuve devint Dame de
Montlhéry et conserva la terre et seigneurie de Montlhéry jusqu'en 1696.
A cette époque, le 18 juillet, Jean Phélippeaux, conseiller d'état, intendant
de la généralité de Paris, devint seigneur de Montlhéry.
En 1747, Jean-Louis Phélipppeaux, chevalier, mestre de camps de cavalerie,
succéda à son père en qualité de seigneur engagiste de Montlhéry. Il mourut
à Paris le 13 décembre 1763 .
Philippe de Noailles, duc de Mouchy fut le dernier seigneur engagiste
de Montlhéry. Il rentra en possession de son domaine en 1764. Le comte
de Noailles fit dresser le 17 septembre 1764, un procès-verbal de l'état
du château. Devenu propriétaire en 1772, le comte de Noailles fit établir
un second procès-verbal sur l'estimation de son domaine de Montlhéry. Ce
procès-verbal indiqua l'état de délabrement de la forteresse et de l'enceinte
urbaine.
En effet, Montlhéry prenait un certain accroissement. La porte de Paris
fut abattue en 1757 pour laisser rentrer les voitures chargées de récoltes.
Enfin, les fossés furent convertis en jardin en 1767 et 1771. Le maréchal
de Mouchy, comte de Noailles, avait épousé la fille de Louis de Séverac,
marquis d'Arpajon. A la mort de ce dernier, la comtesse de Noailles, son
unique héritière, apporta à son mari : Arpajon, Saint-Germain, la Bretonniére,
tout ce qui constituait le marquisat d'Arpajon de récente fondation (1720).
Le maréchal songeait à réunir ces terres à son domaine de Montlhéry pour
le faire ériger en duché, quand éclata la Révolution Française. Arrêtés
pendant la Terreur, le maréchal et sa femme furent décapités le 17 juin
1794.
2.5. Montlhéry de 1789 à nos jours
2.5.1. la Restauration du Château (1842-1995)
La famille de Noailles prétendait à la propriété de la tour et de ses
dépendances. Elle entama , à la Restauration, une revendication judiciaire
contre l'Etat, mais après un long procès elle fut déboutée de sa demande,
et, le 5 avril 1842, fut dressé le procès-verbal de la prise de possession
de tour par l'Etat. Elle fut alors classée parmi les monuments historiques
et laissée à la garde de la ville de Montlhéry dont l'administration municipale
fit, en juillet 1842, l'acquisition des terrains voisins qui dépendaient
autrefois du château pour les convertir en promenade.
Le premier des architectes envoyés par la commission des monuments historiques
fut Hector Labrouste le 20 mai 1842 pour consolider la tour et établir
les travaux à effectuer. Il restaura les marches de la tourelle d'escalier
à défaut de pouvoir reconstruire les voûtes d'ogives des deux premiers
niveaux du donjon. Il aménagea aussi la terrasse sommitale, telle qu'elle
est actuellement. Il termina ces travaux en 1846.
L'architecte Garrez prit sa suite en 1847. Il fit construire les passerelles
reliant les deux escaliers intérieurs de la tour à chaque étage. Il répara
la brèche dans le mur d'enceinte à gauche de la grosse tour, il déblaya
les fossés de l'enceinte et aménagea la porte principale avec une grille
en fer pour des mesures de sécurité. Les travaux furent achevés en 1849.
En 1878, la mairie se plaignit de la dégradation de la terrasse sommitale
au préfet de Seine-et-Oise. A sa requête, la commission des monuments historiques
chargea l'architecte Naples d'établir un devis pour la restauration de
la tour. Ensuite, il fut chargé de la restauration elle-même, tache qu'il
accomplit jusqu'en janvier 1881.
L'architecte Selmersheim prit sa suite pour achever le travail de son
prédécesseur, mort entre temps. Il finit en 1889.
Il n'y a rien de notable à rapporter jusqu'en 1934... Le 20 juin de cette
année, la foudre tomba sur le sommet de la tour. L'architecte en chef responsable
Berthod demanda un crédit d'urgence de quatre mille et cent francs pour
réparer le parapet et la terrasse supérieure affaiblis. Les travaux de
restauration et de protection contre la foudre furent effectués en 1937.
Les troupes Allemandes d'occupation laissèrent la tour de Montlhéry dans
un triste état. Plusieurs séries de travaux de restauration furent alors
nécessaires : remplacement de la passerelle d'accès, comblement du puits...
La suite des archives relate que le nombre croissant des effractions
faites sur le site entraîna la nécessité de nommer un gardien à demeure.
Depuis 1994, Monsieur Gérard Goudal ; architecte à la D.D.E., est chargé
de la restauration de la tour qui menace de s'écrouler...
2.5.2. L'utilisation Scientifique de la Forteresse de Montlhéry (1822-1914)
Après la grande tourmente révolutionnaire et les guerres de l'Empire,
l'apaisement vint dans toute la région.
La vieille tour, devenue lieu de promenade, abandonnant sa vocation guerrière,
trouva une nouvelle utilisation dans la recherche scientifique.
En
1822 : le savant Arago utilisa le donjon pour ses
expériences sur la vitesse du son.
En 1823 on installa sur le sommet de l'esplanade une
station de télégraphe Chappe. Elle recevait les signaux de Fontenay-aux-Roses,
pour les transmettre à Torfou puis au-delà jusqu'en Espagne (95).
En 1839 : on édifia un second appareil télégraphique au sommet de la
tour. Celui-ci fut retiré en 1854 (96).
En 1874, le 5 juin : Cornu et d'autres savants l'utilisèrent pour mesurer
la vitesse de la lumière entre le donjon et l'observatoire de Paris en
installant une lunette au sommet de la tour (97).
En 1914, le 7 mai : Monsieur Defieber essaya un modèle réduit de parachute
du haut du donjon (98).
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